Oh la vache ! – de David Duchovny (2016)
Grasset
Parcours étonnant que celui de David Duchovny. L’agent culte du FBI des années 90 “I want to believe” s’est retrouvé bien des années plus tard aux manettes de la série Californication. Il y campe, pendant sept ans, le personnage d’Hank Moody. Un écrivain désabusé (donc un écrivain) par son manque d’inspiration et par sa trop grande aspiration pour le sexe, l’alcool et drogues diverses et variées. Au fil de la série, les allusions n’auront pas manqué aux aficionados du grand Charles (Bukowski). Le fondement du romanesque, n’est-il pas le chaos ?
Je découvre donc ce bouquin presque par hasard. Je l’ouvre en espérant y retrouver un tant soit peu Hank Moody. Un peu de mal à me défaire de l’idée que David Duchovny – dont l’addiction sexuelle et sa cure ont fait les choux gras des médias – et Hank Moody se confondent. C’est raté. Totalement. Le petit écran est une putain de garce.
Voici la quatrième de couverture :
“Vous connaissez Emma Bovary ? Voici sa cousine américaine, une adorable petite vache au destin tout aussi romanesque. Pour Elsie Bovary, le bonheur a toujours été dans le pré ? jusqu’au jour où elle comprend qu’elle est vouée à finir en steak haché. Flanquée de deux complices, Shlomo le cochon converti au judaïsme et Tom le dindon qui voulait voir Istanbul, Elsie, déterminée à éviter l’abattoir, se lance dans un rocambolesque projet de Grande Évasion.”
Alors moi quand on attaque en citant Emma Bovary pour donner une quelconque caution littéraire à un bouquin, ça me paraît bancal. Un peu comme quand, en couverture, le nom de l’auteur est bien plus gros que le titre du bouquin. C’est le cas ici. Deux cases cochées sur deux possibles, bingo ! Allez, restons ouverts.
Nous autres les vaches, vu qu’on nous envoie paître, on a largement le temps de ruminer.
Les premières pages, riches en jeu de mots répétitifs et pas très fins (à base de meuh, de pis et j’en passe les meilleurs…), laissent finalement place à une lecture agréable et dynamique. Une satire très légère autour de la société de consommation qui s’éloigne parfois de la cause animale : comportement humain, impact des écrans, pollution, religion…
Mon éditrice m’a dit : « Chouchou, jamais Hollywood ne fera un film sur un cochon juif en Israël lapidé par des musulmans. Trop de sujets sensibles. Trop spécialisé. Trop indé.
Contrairement à ce que j’ai pu lire, il ne s’agit pas d’un OVNI littéraire. Ça se lit vite. On accroche ou non à la fable animalière burlesque. Une chose est certaine, sans ce billet, j’aurais oublié d’avoir lu ce bouquin d’ici quelques jours. Ce qu’il lui manque ? De la profondeur et du cynisme.
Il est clair que l’homme a un faible pour les murs, mais ce que les bâtisseurs de murs et les planteurs de clôtures ne comprennent pas, c’est que quand ils empêchent l’autre d’entrer, ils s’empêchent également de sortir. Un mur ne crée pas une prison mais deux. Peut-être que la prison du côté des constructeurs de mur est un peu plus grande, un peu plus jolie, mais ce n’est qu’une question d’échelle.