Pacifique, Stéphanie Hochet.
_ éditions Rivages

Stéphanie Hochet nous entraîne dans le sillage d’un kamikaze de la Guerre du Pacifique. Sous la forme d’un récit personnel, à la première personne, nous vivons l’enfance, l’adolescence et les années de formation du protagoniste jusqu’à son dernier vol.

« Ce n’est pas la mort qui nous fait peur mais de ne pas être à la hauteur de notre future mission. Quant au pire, ce qui ruinerait notre honneur et celui de notre famille, ce serait de tomber vivants entre les mains de l’ennemi. »

Tout d’abord, il faut insister sur la beauté de cet ouvrage. Rythme, sonorités et poésie donnent corps au sens profond d’un récit à la fois dur et sensible.

La construction du récit est d’une efficacité redoutable, il m’a été impossible de décoller de cette histoire au cœur de l’Histoire avec un grand H avant d’en arriver à la conclusion. La construction du personnage d’Isao et son cheminement initiatique où nous sommes menés par le bout du nez, persuadés que celui de son avion va inexorablement piquer, sont incroyablement bien amenés.

« Immergé dans cette parenthèse de perfection, je flotte dans le paysage. »

Avant même d’avoir commencé la lecture, j’ai bien compris que le don de soi, le don à l’empire en tant que kamikaze allait en être le moteur. Sauf que cette notion de don de soi est introduite à différents moments de vie du jeune personnage. Il se donne à la tradition par l’intermédiaire de sa grand-mère, il se donne à la culture, la connaissance par les enseignements de son précepteur, il donne quelque part son corps, qu’il transforme dans le cadre de ses cours de kendo et enfin, il se donne à l’Empire en s’enrôlant dans l’armée. Et là aussi, on sent la puissance de l’autre via l’impact de ses camarades soldats ou la hiérarchie. Car oui, pour moi, ce récit initiatique montre à quel point il peut être difficile pour une jeune personne, en général, de se construire au regard des autres : famille, amis, patrie.

Pour la première fois, je ressemble aux garçons de mon âge. J’appartiens à un groupe. Mes phrases commencent souvent par « nous », moins par « je ». Une sensation de solidité m’habite.

Finalement, Isao se trouve enfin lui même sur cet archipel où il échoue, quelque part au milieu de son océan intérieur. Il est enfin dans le don à lui-même.

Pour en savoir plus sur Stéphanie Hochet et son actualité, rendez-vous par ici.

Pour aller plus loin sur le sujet, je vous propose ce très intéressant podcast "Missions suicides : kamikazes 1944-1945" https://www.franceculture.fr/emissions/concordance-des-temps/missions-suicides-kamikazes-1944-1945
Photo : Chiran high school girls are waving farewell with cherry blossom branches to a taking-off kamikaze pilot. The pilot is Second Lieutenant Toshio Anazawa of Army Special Attack Unit (20th Shinbu party). The aircraft, an Army Type 1 fighter "Hayabusa" III- type-Ko holding a 250kg bomb, is departing towards Okinawa on April 12, 1945.